Le livre magique

La rune Jera est associée à la terre. Elle représente à cet égard la croissance, la fertilité, la renaissance et la régénération.

Cette rune est aussi associée à Nerthus, l'ancienne Déesse-Mère germanique, La Terre-Mère à qui était rendu un culte important aux âges de bronze et de fer. Liée soit au printemps soit à la fin de l'été, la rune Jera implique une phase de transition: comme la terre renaît de son long sommeil hivernal avec le retour des beaux jours, le chercheur voit la fin d'un cycle obscur dans sa quête personnelle et le début d'une phase plus positive. Comme la germination est lente, les événements prédits par cette rune sont longs à venir. Jera indique la fin d'un cycle ou d'une étape sur le parcours du chercheur, le passage d'un état à un autre. Elle indique que chaque chose viendra en son temps. L'attente peut être pesante, mais elle n'est pas vaine. Jera reflète les cycles permanents de l'Univers où tout est mouvement. Le sens ésotérique de Jera est donc que toute chose se meut selon la loi des cycles. Elle implique que notre conception d'un temps linéaire est fausse. 

Dans le cas de Jera, la transformation d'Isaz est accomplie car nous voici au temps de l'été, du soleil et de la floraison dans son plein épanouissement. C'est le temps où la nature est parée de ses plus belles couleurs, où les hommes sont plus chaleureux et les femmes insouciantes. C'est l'âge où l'homme a besoin d'être généreux. C'est un temps où les femmes brillent de leurs derniers feux et les feux de ces étés sont les feux les plus beaux.

Il y a dans cette rune un concept de récompense, de maturité, mais aussi de don, don de soi-même ou de ce que l'on possède. C'est le temps de la générosité, du partage. On donne peut-être mins qu'avant, mais on donne mieux. C'est le temps de la libération. Les enfants ont grandi, déjà ils sont presque indépendants. Leur réussite est une récompense, elle leur est due. Leur échec n'est pas encore consommé.  Il serait une punition. 

Lorsqu'il a entamé le second cycle de son existence, tout individu éprouve le besoin et parfois l'angoisse de faire ses comptes. C'est le temps de la moisson et selon son abondance elle permettra d'aller jusqu'à la fin de ses jours, l'hiver.

Le premier sens de Jera est donc: on récolte ce que l'on sème.

Il y a dans cette idée une indéniable allusion à la justice imminente, forme d'équité entre  l'effort et la récompense. Jera inversé dénonce l'insouciance d'une vie consacrée davantage au plaisir de l'esthète qu'au travail astreignant de tous les jours. Pourtant, cette rune, qui se voudrait la Thémis signifiante d'un imminent équitable, reste souriante aux gens de bien qui ont plus semé parce qu'ils ont beaucoup donné.

Les individus ne sont pas tous les mêmes. Ils sont aussi différents sur le plan psychique que physique. Ils n'ont pas tous les mêmes besoins, les mêmes buts.

La rune témoigne donc de la qualité du résultat acquis au moment d'entrée dans l'âge mûr. Elle est le fait de la réussite ou de l'échec, mais elle est globale et, en cela, elle n'indique rien de la valeur réelle ou apparente d'une réussite sociale. Bien des destins sont enviés, qui ne sont pas enviables. Il ne faut jamais juger de ce que l'on voit, même si l'on a assez d'imagination pour supposer de ce que l'on ne voit pas.

Il y a donc, dans l'apparition de Jera dans un tirage, une double signification: la qualité de ce qui est acquis, récolté, et la quantité.